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8 et 9 novembre...à l'extrémité des Lofoten...
Tout au bout du village de Å, à l'extrémité des Lofoten, la montagne se fait inaccessible. Les pentes abruptes plongent dans la mer sans concession, coupant la ligne de l'horizon brutalement. Dans ce décor sauvage l'eau tranquille nous invite à une plongée découverte. J'avais déjà effectué une incursion dans cette partie des îles, il y a trois ans en arrière. J'avais été impressionné par l'ensemble du cirque montagneux entourant le site et je m'étais mis à l'eau...Ainsi, nous nous préparons pour une visite. A la fin de la route E10, une boucle d'asphalte vous renvoie en direction de Narvik si vous ne freinez pas. Bien que trente centimètres de neige recouvrent la place nous nous arrêtons et nous préparons le matériel. Petit désagrément cependant, l'accès à la mer demande dix minutes de marche. En été vous étouffez sous le néoprène, en hiver, vous brassez dans la poudreuse. Une descente sur quelques mètres de falaise glissante et nous atteignons l'eau.

Quelques secondes nous suffisent pour être enchantés. La visibilité est surprenante. La végétation s'arrête vers -25 mètres et nous atteignons le fond de sable blanc après quelques minutes. Déposés sur le sol, les restes d'une minuscule barque. Inutile d'utiliser les lampes car la clarté du jour, pourtant couvert, nous suffit pour distinguer les moindres détails... Lors de la remontée, François me fait signe, en dessous de nous un crabe volumineux d'environ vingt centimètres et sous les rochers son peureux compagnon.
La sortie de l'eau et le retour à la voiture restent un peu pénibles. Sur le rocher, par endroits de la glace ralentit notre avance. Quelquefois, le sol se dérobe sous nos pas et nous nous enfonçons alors jusqu'à mi-cuisse dans de la neige poudreuse. Entre deux tempêtes de neige le fjord prend ses aspects les plus enchanteurs avant de disparaître dans une bourrasque...
lumières changeantes...entre tempête de neige et éclaircies...
tout au bout des Lofoten...
De retour à la cabane, nous préparons le gonflage de nos bouteilles. Au milieu du second remplissage le compresseur s'arrête... panne sèche. Comme nous ne disposons pas de jerrycane, nous chargeons l'engin dans la voiture et nous partons pour Reine, première station d'essence, à 10 kilomètres environ. J'avais lu dans un dépliant publicitaire, il y a quelques années en arrière, que Reine était considéré comme le plus beau village de Norvège. A la tombée de la nuit, sous la neige, le spectacle était à la hauteur de la promesse...
Reine, 15h30 cet après-midi...
Le 9 novembre. Petit souci d'oreille ce matin, je vais devoir patienter un ou deux jours avant de remettre la tête sous l'eau. François décide de retourner plonger sur le même site qu'hier. Il me demande s'il peut tester la nouvelle combinaison NDiver. L'idée me séduit et je l'accompagne au bord de l'eau, ce qui me permettra de faire des prises de vue d'ambiance avec le matériel de plongée. Après sa descente nous discutons du vêtement qu'il vient de porter. La fluidité lui paraît optimale quant à la chaleur, aucune inquiétude. Confirmation des impressions que j'ai eues dès mon premier bain, il y a presque quatre mois, en lac.

A la cabane, je contacte Magne pour lui demander s'il dispose de deux places pour dormir à Kabelvåg, demain soir. 130 kilomètres de routes couvertes de neige depuis Å, nous préférons rester sur place et effectuer deux plongées, si la météo se calme un peu...
10 et 11 novembre...retour à Kabelvåg...plongée sur le "Hamburg"...
Une nuit de pluie sur la neige tombée ces derniers jours et la route s'est transformée en véritable piste dans laquelle on s'engage comme sur des rails. Le trajet Å - Kabelvåg qui prend normalement un peu moins de deux heures nous a coûté cette fois plus de quatre heures de glissade, nous poussant à la limite de devoir renoncer. Finalement nous arrivons de nuit au club, Magne nous attend. Une plongée-épave devrait se dérouler demain, mais les conditions de mer prévues nous laissent peu de chance. Nous utiliserons une solution de rechange: le "Hamburg", bateau coulé en 1941 dans le port de Svolvaer. De part sa situation, même en cas de tempête violente, le site est accessible à la palme.

Nous passons quelques heures en ville, à Svolvaer. Les rues n'ont pas été dégagées lorsque la neige est tombée, et maintenant que la pluie s'est accumulée en grandes flaques un peu partout les trottoires deviennent presque impraticables. Nous marchons, de l'eau jusqu'à la cheville, dans ces rues sans âmes à la recherche d'un peu d'animation. Nous ne trouverons qu'un ou deux petits restaurants, presque vides. Nous sommes en début de soirée, peut-être est-ce la mauvaise heure? Nous retournons à Kabelvåg et passons une partie de la soirée à deux pas du club de plongée, dans un petit restaurant ou quelques locaux se sont réfugiés.
Le lendemain matin, la météo avait tenu promesse. Nous sommes donc partis pour le "Hamburg", à 10 minutes du club. J'avais plongé sur cette épave deux ans auparavant, durant l'été. Nous avions effectué deux plongées sur deux jours car l'endroit nous avait beaucoup plu. Cependant un drôle de sentiment nous avait marqué à notre retour sur la côte. Je n'en parlai pas à François ce matin et nous nous équipions, fouettés par des raffales de flocons givrés. A la mise à l'eau, une odeur de fuel planait. Il est vrai que nous nous trouvions à moins de 300 mètres de l'arrivée des ferrys. La première bouée, signalant le bastingage babord, se trouve à environ 70 mètres du bord et nous décidons de palmer en surface.
La partie la plus proche de la surface devrait se voir à cet endroit. Quelques minutes nous suffisent pour trouver l'ombre un peu inquiétante du navire. Nous entamons la descente avec une visibilité plus que médiocre. L'épave est couchée sur le flanc tribord et nous longeons le pont pour arriver à la proue. Il règne une atmosphère étrange dans ce brouillard de particules. La communication sous-marine s'effectue par gestes, mais, depuis les années que nous plongeons ensemble, nous nous comprenons aussi d'un simple regard. Il y a un malaise à cet endroit, vraiment. J'ai une peine énorme à me concentrer. D'habitude, une fois que nous avons atteint notre but, chacun se ballade assez librement et l'on se retrouve seul pendant de longues minutes. Mais ici nous sommes restés instinctivement proches, à quelques mètres l'un de l'autre.
Dès que je m'arrête pour prendre une image, laquelle me prend parfois de longs instants, François reste à mes côtés. Après avoir fait le tour du navire je tente de retrouver, en vain, une ouverture ronde dans la coque, à moins de 10 mètres de la surface. J'avais photographié cette partie lors de ma dernière visite et j'aurais aimé prendre une photo en noir et blanc... pas moyen de la retrouver. 43 minutes de plongée, sans un geste, nous remontons à la surface et gagnons la côte, à vive allure. François me décrit son sentiment et je retrouve dans ses paroles la même inquiétude que nous avions eu en 1999. Extrêment étrange. Un peu perturbés, nous nous sommes changés sous ces mêmes coups de vent et nous avons rejoint Magne, à Kabelvåg. Je décidai de lui poser quelques questions sur le "Hamburg", en espérant trouvé une explication à notre expérience.
Rien... le bateau a coulé suite à un bombardement, à l'emplacement où il se trouve actuellement. Pas de blessé ni de mort, rien qui ne puisse laisser une trace aussi troublante. Nous en avons reparlé souvent durant le trajet de retour vers Å.
du côté de Henningsvaer...en rentrant à Å...
suite...
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